Cette jeune artiste de la pop suédoise, âgée de 34 ans, malgré son air juvénile, écrit, compose et produit tous ses disques avec la même et impérieuse exigence, celle d’affirmer sa liberté d’artiste et de femme. Ses créations maîtrisées et chaque fois impeccablement réalisées témoignent de son perfectionnisme, de cette indépendance forcenée mais aussi de son étonnante vitalité. Chacun de ses albums est une aventure qui vient compléter un univers déjà solidement installé, une dimension supplémentaire pour tenter de percer le mystère de cette artiste très douée et qui tout en colorant sa musique d’autres influences et syles musicaux, ne cache pas son attachement à une certaine tradition musicale suédoise.
A l’occasion de la sortie de son sixième album (Kristaller) prévue pour septembre prochain, et tandis son premier titre « Bara få vara mig själv » (je veux seulement rester moi-même) a été présenté ces derniers jours, nous en profitons pour dresser son portrait et la présenter au public français qui ne la connaît pas encore.
Petite biographie
Laleh, de son vrai nom Laleh Pourkarim, est né le 10 juin 1982 à Bandar-e Anzali en Iran. Fille de deux intellectuels iraniens engagés, elle a suivi ses parents dans l’exil qui les a conduit en Russie à Minsk, puis à Berlin avant de s’installer en Suède à Göteborg où elle est arrivée à l’âge de 9 ans. Passionnée de musique, elle se développe au sein de groupes musicaux avant de remporter à l’âge de 14 ans un concours musical . En 1994, un tragique événement va bouleverser sa vie et celle de sa famille : son père meurt en portant secours à des jeunes femmes tombées de leur canoë. Laleh continue ensuite ses études de musique au lycée et crée plusieurs groupes, elle commence alors à composer ses propres titres.
A l’âge de 19 ans, elle quitte sa famille pour s’installer à Stockholm sur l’invitation de Warner Music Sweden avec qui elle produira en 2005 som premier album intitulé Laleh, tout simplement. Mais avant cela, elle tente une petite aventure dans le cinéma et joue le rôle deYasmine, une jeune immigrée dans le film de Josef Fares « Jalla ! Jalla »
L’équipe du film Jalla Jalla (2000) de Josef Fares, Laleh à gauche
En 2005, son premier album sort et contient, ce qui constitue déjà pour la jeune chanteuse une marque de fabrique, quatre titres en suédois, huit en anglais et deux en perse. Ce sera comme une petite tradition chez elle que cette composition multi-lingie qu’on retrouvera dans d’autres de ses premiers albums. Ce premier album lui donne en tout cas l’occasion d’affirmer sa filiation artistique avec un autre grand artiste suédois, Cornelis Vreeswijk, comme dans la chanson intitulé « Storebror » (grand frère)
Storebror dans l’album Laleh (2005)
Mais elle tient aussi à montrer ses racines iraniennes et elle chante en perse, comme dans cette chanson, aux sonorités orientales qu’elle chante ici en anglais avec l’iranienne Safoura Safavi lors de la transmission télévisivée « Allsång på Skansen”
Der Yek goshe dans l’album Laleh (2005)
En 2009, un nouvel album de Laleh, intitulé « Me and Simon » avec 8 titres en anglais, 4 en suédois et un en perse. Cet album très empreint de nature, la chanteuse s’étant exilée dans le Västerbotten (Nord est de la Suède) pour pouvoir créer librement loin des soirées mondaines et puiser ses forces en elle-même, mais dans lequel on sent une fois encore l’influence de Cornelis Vreeswjik et d’autres comme Kate Bush. La chanson « Bjurö klubb » raconte par exemple ses promenades dans la réserve naturelle. Mais les deux chansons les plus célèbres de cet album sont sans aucun doute « Big city love »
Big city love dans l’album Me and Simon (2009)
Et « Snö », d’inspiration presque folklorique qu’elle a composé et arrangé avec le London Symphony Orchestra pour le célèbre film suédois « Arn » mais qui parle aussi de sa retraite dans le Västerbotten.
« Snö »dans l’album Me and Simon (2009)
Mais son album le plus vendu est sans aucun doute et jusqu’à maintenant « Sjung » paru en 2012. C’est dans cet album que l’on trouve la chanson la plus célèbre de Laleh « Some die young ». Cette chanson composée en 2011 est devenue un véritable hymne national pour les norvégiens après les attentats terroristes d’Utoya en 2011. La chanteuse l’interprète ici lors du concert à la mémoire des victimes le 22/07/2012
Some die young dans l’album Sjung (2012)
C’est aussi dans cet album qu’on trouve un autre titre célèbre de Laleh « Våren första dag » (le premier jour du printemps) dans lequel on retrouve cette thématique et ce sentiment très suédois de l’arrivée printemps, du renouvellement et de la petite mort qui l’accompagne chaque année.
Våren första dag dans l’album Sjung (2012)
Le dernier album de Laleh qui sortira en septembre s’annonce déjà comme surprenant, un album produit à Los Angeles où la chanteuse s’est installée récemment
Bara få vara mig själv, titre issu de son nouvel album Kristaller à paraître en septembre 2016.
La manière singulière qu’a Laleh de pousser sa voix pour la rendre puissante et rayonnante, ses influences multiples tant au niveau culturel que musical, sa gestuelle presque chorégraphique, ses tenues très travaillées, enfin son indépendance d’esprit font d’elle une incontournable de la musique suédoise.