Olle Ljungström, le poète de la pop suédoise

Isabelle
14.10.2024

II y a quelques jours Olle Ljungström, 54 ans, véritable icône de la pop-rock suédoise  nous quittait, laissant derrière lui, comme orphelins, toute une génération de musiciens suédois. Poète et musicien hors pair, mais également artiste plasticien, il était de ces êtres rares et charismatiques, en quête perpétuelle qui séduisent et déroutent tour à tour.

Sa voix singulière entre force et fragilité mais aussi sa personnalité, sa sensibilité extraordinaire qui lui ont valu quelques sérieux déboires avec l’alcool, la drogue et les médicaments nous manqueront assurément. Rest in Peace, Olle !

En guise d’hommage mais aussi pour tenter de faire découvrir au public français, cet artiste suédois à la plume alerte, bien aiguisée mais aussi très tourmentée, nous allons tenter un petit portrait synthétique et l’étayer d’extraits et de vidéos qui permettront de mieux cerner la personnalité de cet être complexe mais hors du commun.

Petite biographie

Olle Ljungström est né le 12 août 1960 à Riala dans la région de Stockholm mais il a passsé une bonne partie de son enfance à Björkholmen dans l’Archipel de Stockholm. Il a démarré sa carrière comme chanteur et guitariste du groupe Reeperbahn en 1979 avec qui il a produit 6 albums souvent qualifiés de rock post-punk.  

©Foto Neil Goldstein

Au début des années 80, avec ses amis de Reeperbahn, Eddie Sjöberg, Peter Korhonen et Dan Sundqvist, leurs albums en anglais et en suédois (Olle s’occupe déjà des textes) ne rencontrent pas immédiatement le grand succès mais ils persévèrent et en 1981, leur album « Venuspassagen » se vend à plus de 25000 exemplaires en moins de deux ans, ils connaissent une vraie notoriété notamment avec deux titres : « Förnedringen » (Humiliation) et « Kalla kriget » (Guerre froide).

Förnedringen (1981)

Il entame ensuite une période de collaboration avec différents groupes et artistes, se cherche, pourrait-on dire, tente de multiples expériences, se perd aussi parfois jusqu’à se recentrer finalement à partir de 1993 sur une carrière d’artiste solo et de produire 10 albums (pop-rock) qui ont définitivement marqué l’histoire de la musique populaire suédoise.
Très difficile de choisir car tous les albums, chacun à la manière apporte une facette nouvelle de cet artiste multiple. L’un des titres les plus célèbres de l’album Tack (1995), « Som du » (comme toi) est devenu un classique repris par d’autres artistes suédois. Le texte simple mais efficace, à la fois entêtant et nostagique stigmatise les premières blessures de l’enfance….

Une autre chanson d’Olle Ljungström, “Jag och min far”(Moi et mon père) dans l’album Det Stora Kalaset (1998) raconte la tristesse et la mélancolie à la disparition du père. Les textes composés de vers toujours très courts sont précis et avec toujours cette simplicité désarmante qui a fait la réputation de cet auteur.

Dans un album publié en 2000 et intitulé En apa som liknar du (Un singe qui te ressemble), une autre chanson consacrée à Stockholm est aussi devenue un classique.

Enfin le dernier album d’Olle Ljungström publié en 2013 montre un Olle Ljungström au sommet de son art avec des titres très enjoués et d’autres beaucoup plus sombres. “Anna Karina” fait partie des chansons joyeuses de l’album tandis que “man lever tills man dör” (on vit jusqu’à ce que l’on meurt) fait apparaître la part sombre de l’artiste.

© Jerker Ivarsson

Celle d’un homme tourmenté, malade, dépendant et qui répondait quand on l’interrogeait sur ses multiples addictions : “je n’ai pas trouvé de meilleure solution”