Héritier direct de Bellman et de Taube, Cornelis Vreeswijk est l’autre célèbre troubadour suédois, mais c’est aussi une figure incontournable, et l’un des personnages les plus marquants de l’histoire de la musique populaire suédoise. Poète, auteur, musicien, acteur, humoriste, et critique, en quelques 20 ans d’une carrière trop brève, il a produit des chansons inoubliables et occupé la scène avec un charisme et une présence uniques qui ont porté et inspiré des générations de musiciens et d’artistes en Suède.
Si Cornelis Vreeswjik est une référence incontournable pour des artistes comme Laleh, Håkan Hellström et beaucoup d’autres, c’est qu’il a marqué des générations de suédois avec sa bonhommie incomparable et son style unique dans un panorama des années 60-70 sous influence jazz-folk et juste avant qu’une tornade nommée ABBA ne s’empare de la musique populaire suédoise.
Petite biographie
Cornelis Vreeswjik est né le 8 août 1937 aux Pays Bas mais il émigre avec toute sa famille en Suède à l’âge de 12 ans. Il étudie le suédois avec acharnement à l’école en apprenant tout par cœur et puis il commence à travailler en occupant des postes très variés (employé de bureau, ouvrier, assistant géomètre, etc..), son rêve est alors de devenir journaliste. En 1953, il s’achète une guitare juste après avoir entendu Georges Brassens à la radio puis il étudie les sciences sociales. C’est d’ailleurs durant l’un de ses stages qu’il rencontre Ingalill Rehnberg qu’il épousera en 1962 et avec qui il aura un fils, Jack Vreeswjik en 1964.
Parallèlement il commence sa carrière d’auteur-compositeur en chantant dans des petites salles, il publie ses premiers poèmes dans les journaux, et impressionne assez rapidement d’autres chanteurs comme Fred Åkerström et Torgny Björck avec qui il part en tournée.
Un premier album intitulé « Ballader och oförskämdheter »(Balades et insolences) est publié en 1964 et devient rapidement disque d’or. Voici une chanson extraite de ce premier album qui raconte l’histoire d’amour entre Fredrik Åkaren et Cecilia Lind
Balladen om Fredrik åkaren och Cecilia Lind
Son style mélange de jazz, blues et folk est assez difficile à qualifier mais c’est un auteur très prolixe qui va produire dans ces années 60 et avec la régularité d’un métronome un album de chansons par an qu’il interprète en tournée sur scène mais il écrit aussi des chansons pour d’autres artistes comme Per Myrberg, Siw Malmkvist, Anna-Lena Löfgren ou Monica Zetterlund.
En 1965, deux albums de Cornelis Vreeswjik sont publiés, « Visor och oförskämdheter » (Chansons et insolences) et un autre album intitulé « Ballader och grimascher » (balades et grimaces). Une chanson extraite du premier album et intitulée "I natt jag drömde något som" (Cette nuit j’ai rêvé de quelque chose qui) va devenir un énorme succès en Suède et sera ensuite reprise par de nombreux artistes. Dans ce même album, une autre chanson va aussi remporter un franc succès : « Brev från kolonien »
En 1966, un nouvel album de Cornelis Vreeswijk sort, il est intitulé « Grimascher och telegram » (Grimaces et télégrammes).
En 1967, le bateau où Cornelis Vreeswjik demeurait coule engloutissant avec lui de nombreux textes. Cette même année, Cornelis joue le rôle principal, celui du cuisinier dans « Svarta palmkronor », réalisé par Lars-Magnus Lindgren, ce qui lui donne l’occasion d’approcher des musiciens de samba au Brésil mais 1967 c’est aussi pour lui l’année de la séparation avec son épouse.
Svarta palmkronor de Lars-Magnus Lindgren
Les années 70 sont pour Cornelis des années de tournée intensives, mais il publie aussi quelques poèmes. Cornelis décide aussi de quitter Stockholm et de s’installer en Scanie, il en profite pour changer de maison de disque. Ces années sont aussi des années compliquées au niveau financier pour Cornelis Vreeswjik qui est poursuivi par le fisc suédois. Une chanson très célèbre « en fattig troubadour » (un pauvre troubadour) raconte les problèmes financiers de l’artiste. Il joue dans plusieurs films et sombre dans l’alcoolisme, rencontre des problèmes de diabète. Ce sont des années très sombres pour Cornelis Vreeswjik qui continue cependant à beaucoup travailler et à beaucoup tourner.
Le voici ici en concert live en 1986
Au début des années 80, il s’est remarié avec Anita Strandell mais rencontre toujours des problèmes avec le fisc suédois, il s’installe à Copenhague et réussit à obtenir une annulation de ses dettes. Il continue de produire des textes et de se produire en tournée, seul ou en compagnie d’autres artistes suédois. Son mariage bat rapidement de l’aile et il se sépare d’Anita Strandell.
Voici une chanson intitulée, « en gammal knarkare » (un vieux drogué) qu’il interprète ici en public…
En plus du diabète, Cornelis souffre alors d’un cancer du foie mais il poursuivra son travail inlassablement et jusqu’à la fin.
Cornelis s’éteint le 12 novembre 1987 dans un hôpital de Stockholm, il repose au cimetière de Sainte Catherine sur l’île de Södermalm à Stockholm.
Cornelis Vreeswjik était un homme très talentueux mais qui doutait beaucoup, il n’avait pas le sens des affaires et était doté d’une sensibilité extraordinaire qui l’a conduit à des excès, à des problèmes psychologiques graves mais son travail a toujours été constant et acharné. Il reste une figure majeure de la musique suédoise et continue d’inspirer de nombreux artistes aujourd’hui encore.